Insuffisance veineuse
En bref – Les veines (à l'exception des veines pulmonaires) sont des vaisseaux permettant le transport du sang fortement carbonaté depuis les organes ou tissus périphériques vers le cœur. Leurs parois sont généralement très élastiques, compliantes (forte capacité d'élargissement) et contiennent des valvules empêchant le retour sanguin vers les membres inférieurs, sous l'effet de la pesanteur.
Lors d'une position debout prolongée, de manque d'exercice, de surpoids, de changement hormonal (grossesse, ménopause…) ou environnemental (fortes chaleurs…), il peut se produire une dilatation des veines ainsi qu'une sous-utilisation de la pompe musculaire permettant la propulsion du sang vers la partie supérieure du corps (jusqu'à 30 cm3 par pas). Il s'ensuit une stase sanguine locale et un passage d'eau et de protéines dans les tissus interstitiels. C'est l'insuffisance veineuse, caractérisée par un ensemble de symptômes bénins (gonflement des chevilles, sensation de jambes lourdes, crampes, fourmillements, prurit, œdèmes, varicosités peu esthétiques…), voire de complications plus sérieuses (insuffisance veineuse chronique, varices, thromboses, ulcères…).
Outre les causes précitées, facilement modifiables, l'insuffisance veineuse est également provoquée par certains facteurs non réversibles comme le sexe du sujet (en France: plus de 50% des femmes contre 25% des hommes), son âge ou son héritage génétique.
Traitement médicamenteux
Le traitement d'une insuffisance veineuse a un double but esthétique (disparition des varices…) et préventif face à d'éventuelles complications plus sérieuses (embolie pulmonaire, œdèmes, ruptures de varices, thromboses veineuses, ulcères de jambe…). Il passe obligatoirement par une compression veineuse locale efficace et des règles hygiéno-diététiques adaptées. La prise de médicaments veinotoniques ne constitue qu'un traitement d'appoint aux mesures précitées et s'avère efficace en cas de jambes lourdes ou d'hémorroïdes.
La plupart des molécules veinotoniques sont des polyphénols d'origine végétale appartenant aux groupes des flavonoïdes (quercétine, rutosides, tanins…) et des coumarines (mélilotosides…). Ces substances antioxydantes agissent (1) en augmentant la résistance des vaisseaux sanguins, (2) en diminuant la perméabilité des capillaires, (3) en réduisant la viscosité du sang et (4) en renforçant le drainage lymphatique. Certains saponosides (escine, ruscogénine…) possèdent également une action veinotonique par stimulation de la contractilité des parois veineuses.
Les veinotoniques sont généralement disponibles sous forme d'extraits de plantes (cassis, ginkgo, hamamélis, mélilot, myrtille, pépins de raisin, petit houx, vigne rouge… Voir Compléments Alimentaires, ci-dessous), de substances d'origine végétale plus ou moins titrées (anthocyanosides: Difrarel®; diosmine: Daflon®, Diovenor®, Flebosmil®; flavonoïdes purifiés: Cyclo 3 Fort®; oligomères procyanidoliques: Endotelon®; rutosides: Circan®, Esberiven Fort®, Relvene®; troxérutine: Ginkor®, Veinamitol®…) ou de molécules synthétiques (étamsylate: Dicynone®; heptaminol: Debrumyl®, Heptamyl®; naftazone: Etioven®…).
Les traitements par voie orale sont proposés en cures d'au moins trois mois, à renouveler si nécessaire. Les médicaments sont à prendre au milieu des repas et leurs effets se font généralement ressentir au bout de 15 jours.
L'application locale sous forme de crèmes, gels ou sprays (Akiléine® gel fraicheur vive, Ginkor® Spray Fraicheur, Hirucrème®…) se fait par massage de bas en haut au niveau des jambes, des chevilles et de la plante des pieds afin de stimuler le retour veineux et de favoriser un drainage lymphatique. La pause de bas ou chaussettes de contention doit se faire après séchage et évaporation des constituants médicamenteux, afin d'éviter une dégradation potentielle des fibres.
Compléments alimentaires
En plus des règles hygiéno-diététiques et des mesures de compression locales, le traitement d'une insuffisance veineuse peut hautement bénéficier de l'apport de médicaments veinotoniques (voir fiche: Médicaments) ainsi que de divers compléments alimentaires renforçant l'effet circulatoire général par des actions antioxydantes, astringentes, diurétiques ou vasculoprotectrices. Ces composés additionnels (oligo-éléments, phytothérapie, vitamines…) peuvent être d'origine minérale ou végétale.
De nombreuses plantes sont utilisées comme veinotoniques et/ou compléments dans le traitement de l'insuffisance veineuse sous forme d'extraits (poudres, huile…), de tisanes (phytothérapie), voire de bourgeons (gemmothérapie).
Phytothérapie
*Les feuilles du cassis ou groseillier noir (Ribes nigrum L., Grossulariaceae) contiennent des flavonoïdes (catéchol, kaempférol, quercétol…) et des anthocyanosides (cyanidine, delphinidine, pétunidine…) et sont utilisées comme anti-inflammatoires, anti-radicaux libres et antiphlogistiques (contre les œdèmes). Les fruits riches en flavonoïdes de type quercétine ont une action favorable sur la circulation veineuse et sur l'acuité visuelle.
*Les fruits du cyprès (Cupressus sempervirens L., Cupressaceae), encore appelés cônes ou galbules, renferment des tanins de type proanthocyanidols et des flavonoïdes (cupressuflavone, rutine, quercitrine…) et possèdent des propriétés astringentes, antihémorragiques et vasoconstrictrices. Ils sont surtout utilisés sous forme de décoctions (20 g de galbules par litre) ou de gélules (Cyprès Arkogélules®), en cas de varices ou d'hémorroïdes.
*La tige souterraine, ou rhizome, du fragon épineux ou petit houx (Ruscus aculeatus L., Asparagaceae), riche en saponosides (ruscogénine), est employée comme anti-inflammatoire, anti-œdémateux, diurétique et vasoconstricteur, par inhibition de l'élastase (Cyclo 3®, Fragon Arkogelules®…).
*Les feuilles du ginkgo (Ginkgo biloba L., Ginkoaceae) contiennent des diterpènes (ginkgolides A, B, C, J et M) et des flavonoïdes (lutéoline, rhamnosides, rutinosides…) conférant à la plante des effets anti-inflammatoires, antioxydants (piégeage des radicaux libres) et vasorégulateurs (vasodilatation artériolaire, vasoconstriction veineuse et renforcement de la résistance capillaire)…
*Les feuilles et écorces de l'hamamélis, ou noisetier des sorcières (Hamamelis virginiana L., Hamamelidaceae), possèdent des tanins (acide gallique catéchine, procyanidols…) et des flavonoïdes (astragaloside, hétérosides de kaempférol…) et sont employées pour leurs actions astringentes, anti-inflammatoires, antiphlogistiques et vasoconstrictrices.
*Les sommités fleuries du mélilot (Melilotus officinalis (L.) Pallas, Fabaceae) renferment un nombre important de dérivés coumariniques (mélilotoside, mélilotine…), ainsi que des flavonoïdes (hétérosides du kaempférol et du quercétol) et des saponosides triterpéniques (mélilotigénine, soyasapogénines…). La drogue est utilisée comme antispasmodique, diurétique, anti-œdémateux et veinotonique, sous forme d'infusions (10 g / litre).
*Les feuilles de la vigne rouge (Vitis vinifera L. var. tinctoria) contiennent surtout des anthocyanosides (cyanidol, péonidol…), des flavonoïdes (flavonols) et de tanins hydrolysables (proanthocyanidols) et sont employées pour leurs propriétés veinotoniques (augmentation de la résistance des capillaires et diminution de leur perméabilité) et "vitaminiques P" (astringent, anti-diarrhéique, hémostatique et piégeur de radicaux libres).
Gemmothérapie - oligo-elements
La gemmothérapie, qui utilise des macérats glycérinés de bourgeons, peut également constituer un complément thérapeutique intéressant.
Les bourgeons de châtaignier (Castanea sativa Mill., Fagaceae) agiraient préférentiellement sur la circulation lymphatique; ceux du marronnier (Aesculus hippocastanum L., Sapindaceae), riches en flavonoïdes, sont utilisés comme antioxydants et toniques veineux; enfin, le macérat glycériné de sorbier (Sorbus domestica) aurait une action anti-inflammatoire.
Certains minéraux comme le manganèse sont connus pour participer à la synthèse du collagène au niveau des parois veineuses, alors que la vitamine C, de par ses propriétés antioxydantes, joue un rôle important au niveau de la protection vasculaire.
Les conseils Granpharma
- Un bon respect de certaines règles hygiéno-diététiques (activité physique adaptée, réduction de la position debout ou des stases prolongées, augmentation du retour veineux par une surélévation fréquente des jambes ou des pieds, alimentation saine et équilibrée, hydratation suffisante…) permet de supprimer la majorité des causes d'insuffisance veineuse
- Eviter le port de vêtements serrés et les sources de chaleur (bains trop chauds, chauffage au sol, couvertures chauffantes, épilations à la cire chaude…)
- Faire des bains de jambes froids en massant les membres de bas en haut (à pratiquer également en fin de douche)
- Proscrire le tabac qui affecte particulièrement le réseau capillaire
- Opter pour l'utilisation de bas ou collants de compression et/ou des semelles de retour veineux (Activline Gibaud®)
- Traitement médicamenteux local, stimulant la circulation veineuse, ou général à base de veinotoniques (voir fiche: "Médicaments")